Le grand incendie (Cantat/Noir Desir)
- 2001-
album : Visages des Figures

PAROLES

Ca y est, le grand incendie
Y'a l'feu partout, emergency
Babylone, Paris s'écroulent
New-York City, Iroquois qui déboulent
Mainteant... Allez

London, Delhi, Dallas dans l'show
Hommage à l'art pompier
T'entends les sirènes, elles...
Sortent la grande échelle
Vas-y... Go!

Hommage à l'art tectonique
Un techno-picnic sur la terre eventrée
Mais la faille est creusée, atomisée
Claudia Schiffer dit qu'elle a même pas peur
Et tout le monde aupplaudit à la télé
Ressaisis-toi, ressaisis-toi
Faut courir maintenant, elle, elle est dans un bunker
Y'a plus de programme, y'a même plus d'heure
A vous l'antenne

C'est l'incendie, le grand incendie
C'est l'incendie, le grand incendie
C'est l'incendie, le grand incendie

C'est le raz-de-marée
Les rats peuvent plus se marrer
S'enfuir s'cacher
Dans une planque s'enterrer
La marge est infime
Au bord de l'abîme
Implosion, explosion, mort aux cons riment
Carpules, salauds
Bourgeois, blaireux
Chacun pour soi, ça détale dès qu'on a eu le déclic
Wanadoo
Do wap a doo
I wanna, I wanna, wanna go with you
Trop tard, petit, petit malin
Indemnités c'est peanuts t'auras rien
Cours ! Cours ! Cours ! Cours !
No limit à la fuite
Accélère

Accélère, c'est pas le moment
Tu crois toujours que tu peux t'arrêter
Te jeter dans un coin te coucher
Oublier la cadence

C'est l'incendie, le grand incendie
l'incendie, le grand incendie...

ANALYSE

"Le grand incendie" est un des titres les plus étonnants du dernier album de Noir Désir sorti le 11 septembre 2001. En effet "le grand incendie" est la description de l'incendie métaphorique du symbole du capitalisme outrancier : New-York City. Il est également fait mention d'autres villes phares où transitent d'importants capitaux : Paris, Londres, Delhi, Dallas.
Dans toutes ces villes l'état d'urgence est décrété, le tout-puissant capitalisme n'a pas su voir venir l'incendie qui ravage à présent toutes ces villes. Noir Désir suggère que cette situation était en souffrance et que la boucle est bouclée en quelques sortes puisqu'à toute apogée succède une chute violente, surtout lorsqu'il s'agit d'économie :"Ca y est, le grand incendie Ya l'feu partout emergency Babylone, Paris s'écroulent NYC Iroquois qui déboulent". Noir Désir qui n'a jamais fait l'apologie du communisme dans ses textes critique ici vertement le système considéré comme son contraire : le capitalisme. Un système trop élitiste qui laisse trop de gens dans la misère sur le bas-côté pour que cet incendie puisse être évité.
La ville de New-York, centre névralgique des médias mondiaux, médias si friands de "show" se trouve à son tour avec "London Delhi, Dallas dans l'show". Prise à son propre piège, la ville devient la cible de cet engrenage qui braque toutes les caméras avides d'audimat sur elle. Avec la destruction de ces villes capitalistes on a presque l'impression d'assister à la description d'un châtiment divin. En effet la terre s'ouvre sous la ville comme pour un tremblement de terre :"Hommage à l'art tectonique Un techno-picnic sur la terre éventrée Mais la faille est creusée atomisée". Un des modèles de la société américaine triomphante, le plus connu à l'étranger, le mannequin Claudia Shiffer affirme une confiance monolithique dans cette société qui pourtant s'écroule et ses déclarations
trouvent grâce aux yeux des gens abrutis par la télévision qui ne comprennent même pas que si tout flambe ils sont plus exposés qu'elle : "Claudia Shiffer dit qu'elle a même pas peur Et tout le monde applaudit à la télé Ressaisis-toi (bis) Faut courir maintenant elle elle est dans un bunker".
Viennent ensuite des descriptions apocalyptiques de la débandade généralisée qui suit cet incendie et dans laquelle il n'est plus question de classe sociale, de privilégiés, toutes les règles qui guindaient les rapports entre les hommes ont été réduites en cendre en même temps que la ville et seules ont survécues les règles de l'instinct. Chacun lutte pour sa survie sans plus se soucier des autres, au fond suite à cet embrasement on ne peut contaster aucun progrès moral, seul le vernis de la courtoisie s'est craquelé, les rapports entre les hommes, eux, sont toujours aussi dépourvus de solidarité :"Implosion, explosion, mort aux cons riment Crapules, salauds, Bourgeois, blaireaux Chacun pour soi,ça détale dès qu'on a eu le déclic." Le thème de la fuite, de la vitesse est exploité avec
humour dans le dernier couplet où quelques naïfs qui s'étaient battis des fortunes colossales mais virtuelle grâce au capitalisme et au développements des marchés sur internet envisagent encore des compensations suite à l'anéantissement du système sur lequel ils avaient tout misé :"Trop tard petit, petit malin Indemnités c'est peanuts t'auras rien Cours Cours Cours Cours".
Pour le groupe ce qui perdra ce système c'est la vitesse, tout va trop vite : transactions de capitaux, licenciements, marchés on ne sait plus si ce sont les financiers qui contrôlent le système ou le système qui les contrôle. Une sorte de spirale infernale dont on a l'illusion de pouvoir se libérer rien qu' en fermant les yeux et qui pourtant prend chaque jour un peu plus de vitesse limitant les chances de sortie. Tout ce ci n'est bien sûr que métaphorique et il ne faudrait pas voir en Noir Désir un groupe militant appelant au saccage des villes et à des actions violentes pour éradiquer le capitalisme, ils sont conscients que nous sommes tous des boulons de cette grande machine aux rouages si complexes qu'un sabotage provoquerait une situation pire encore.

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