Un jour en France

PAROLES

Au bistrot comme toujours
il y a de beaux discours
Au poteau les pourris, les corrompus aussi
Dents blanches et carnassiers
Mais à la première occasion
chacun deviendrait le larron
de la foire au pognon oui qui se trame ici
Allez danse avec Johnny

Se rappellent de la France
ont des réminescences
De l'ordre, des jeux, d'l'essence
quand on vivait mieux
Il y avait Paul et Mickey
On pouvait discuter mais c'est Mickey
qui a gagné
D'accord, n'en parlons plus

Un autre jour en France
Des prières pour l'audience
Et quelques fascisants autour de 15%
Charlie défends-moi !!!
C'est le temps des menaces
On a pas le choix pile en face
Et aujourd'hui, je jure que rien n'se passe
Toujours un peu plus
F.N, souffrance
Qu'on est bien en France
C'est l'heurd de changer la monnaie
On devrait encore imprimer le rêve de l'égalité
On n'devra jamais supprimer celui de la fraternité
Restent des pointillés... Yeah, Yeah, Yeah !!!


ANALYSE

Dans ce texte extrait de l'album 666.667 Club, Bertrand Cantat, le chanteur de Noir Désir qui rédige l'intégralité des textes du groupe, s'en prend clairement aux sphères du pouvoir. Il tourne en dérision de manière acerbe les discours politiques actuels à peine de dignes de brèves de comptoirs tant ils sont démagogiques et hypocrites:"Au bistrot comme toujours il y a de beaux discours". Pour Noir Désir la politique est un monde de requins où il est question de luttes internes aux partis, avec pour les politiques une seule motivation, le pouvoir et son éternel allié: l'argent . Et pour cause les carrières personnelles des politiciens prennent souvent plus de place dans leur esprit qu'un réel souci de répondre aux besoins de leurs concitoyens. Rien ne semble arrêter certains d'entre eux qui cèdent à la corruption pour arriver plus vite à leurs fins comme l'illustre ce couplet:"Dents blanches et carnassiers, mais à la première occasion chacun deviendra le larron de la foire au pognon qui se trame ici". Suit le sarcastique " Allez danse avec Johnny !". Ce serait une erreur de voir là une attaque personnelle contre le chanteur français le plus populaire, derrière Johnny il faut voir toutes ces générations de chanteurs interprètes de chansons romantiques aux textes qui évoquent une réalité fade, édulcorée et qui ne dérangent personne.
Noir Désir s'attaque ensuite à ces courants de pensée qui regrettent la "belle époque" celle ou la mondialisation n'était pas encore sur toutes les
bouches et dans tous les esprits. Cependant rien n'a empêché la culture américaine de s'imposer un peu partout sous diverses formes et notamment par l'industrie du divertissement. Le point de vue américain paraît de nos jours être le seul qui prévalle et la politique dans tous les domaines est quasiment univoque :"Il y avait Paul et Mickey on pouvait discuter mais c'est Mickey qui a gagné, d'accord n'en parlons plus." Il n'est pas ici question de chauvinisme, mais la France a mis sa voix et ses particularités en sourdine au profit d'une Amérique toute-puissante grâce à son économie et à ses investissements, ce qui navre le groupe.
Le pouvoir des médias qui usent et abusent des images choc et des reportages sur la délinquance qui font la meilleure audience et réjouissent les partis d'extrêmes droite qui voit le nombre de leurs sympathisants augmenter d'éléctions en élections: "Un autre jour en France des prières pour l'audience et quelques fascisants autour de 15 %". Le groupe fait alors appel aux journaux militants tels que "Charlie Hebdo" qui malgré un impact mitigé parmi la population continue d'écrire des articles dénonçant les idées d'extrême droite. Malgré tout, ces idées continuent d'avancer sans que cela semble trop préoccuper les autres partis.
Un dernier couplet décrit avec ironie la situation française : "FN,souffrance qu'on est bien en France, c'est l'heure de changer la monnaie". Pour le groupe ce passage à l'Euro n'est qu'une mascarade pour détourner les gens des réels problèmes et masquer l'impuissance de la politique interieure. Les valeurs imprimées sur le pourtour des pièces françaises: "liberté, égalité, fraternité" qui sont les devises de la république française et qui ne sont pas réimprimées sur les euros français paraissaient de première importance pour le groupe qui regrette leur disparition aussi bien sur les pièces que dans les mentalités. Les pointillés des dernières paroles suggèrent une situation en transit où plus personne n'a vraiment de valeur qui pourraient combler ces pointillés.
Une évolution peut se faire dans le bon ou le mauvais sens, mais Noir Désir ne se promeut pas juge de la question.

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