A l'envers à l'endroit (Cantat/Noir Desir)
- 2001-
album : Visages des Figures

PAROLES

On n'est pas encore revenu du pays des mystères
Il y a qu'on est entré là sans avoir vu de la lumière
Il y a là l'eau, le feu, le computer, Vivendi, et la terre
On doit pouvoir s'épanouir à tout envoyer enfin en l'air

On peut toujours saluer les petits rois de pacotille
On peut toujours espérer entrer un jour dans la famille
Sûr que tu pourras devenir un crack boursier à toi tout seul
On pourrait même envisager que tout nous explose à la gueule
Autour des oliviers palpitent les origines
Infiniment se voir rouler dans la farine

A l'envers, à l'endroit, à l'envers, à l'endroit
A l'endroit, à l'envers, à l'envers, à l'endroit

Y'a t'il un incendie prévu ce soir dans l'hémicycle
On dirait qu'il est temps pour nous d'envisager un autre cycle
On peut caresser des idéaux sans s'éloigner d'en bas
On peut toujours rêver de s'en aller mais sans bouger de là

Il paraît que la blanche colombe a trois cents tonnes de plombs dans l'aile
Il paraît qu'il faut s'habituer à des printemps sans hirondelles
La belle au bois dormant a rompu les négociations
Unilatéralement le prince entame des protestations
Doit-on se courber encore et toujours pour une ligne droite ?
Prière pour trouver les grands espaces entre les parois d'une boîte
Serait-ce un estuaire ou le bout du chemin au loin qu'on entrevoit
Spéciale dédicace à la flaque où on nage, où on se noie

Autour des amandiers fleurissent les mondes en sourdine
No pasaran sous les fourches caudines

A l'envers, à l'endroit, à l'envers, à l'endroit
A l'endroit, à l'envers, à l'envers, à l'endroit

ANALYSE

"A l'envers à l'endroit" est un virulent réquisitoire contre la mondialisation, la domination boursière et les lenteurs politiques.
Ce texte pourrait retracer le chemin semé d'embûches que suivrait un jeune ambitieux qui désire se faire une place de choix dans ce monde contrôlé par une élite qu'il est extrêment difficle d'intégrer :"On
peut toujours saluer les petits rois de pacotille on peut toujours espérer entrer un jour dans la famille".
L'aspect éphémère du pouvoir y est également évoqué ainsi que les risques encourus par ceux qui désirent à toutes force investir pour gagner sur tous les marchés comme "Vivendi" pour qui le vent pourrait tourner : "On pourrait même envisager que tout nous explose à la gueule".
Le mensonge, les faux-semblants, la corruption sont une nouvelle fois mis au pilori : "Infiniment se voir rouler dans la farine". Pour le groupe le citoyen lambda ne sait plus où donner de la tête dans cette société ou mensonge et vérité sont si étroitement liés parfois qu'il est impossible de les discerner. D'où les paroles du refrain "A l'envers à l'endroit". Tout est sans dessus dessous et l'on doit pourtant tenter de se faire une place malgré des repères incompréhensibles. Les lourdeurs politiques sont également à l'honneur puis que le groupe se demande si "un incendie [est] prévu ce soir dans l'hémicyle." En effet à chaque éléction rien ne change et les Français font suivre à chaque éléction un parti de droite à un parti de gauche et cela régulièrement depuis la V République. Les "cycles" changent donc et se ressemblent sans qu'aucun véritable incendie ne
vienne ravager cette Assemblée qui se révèle incapable de mener à bien et jusqu'au bout une politique commune bien que la volonté ne manque pas : "On peut toujours rêver de s'en aller mais sans bouger de là".
La paix elle aussi semble avoir du soucis à se faire avec le fardeau qui s'impose chaque jour un peu plus lourd sur ses épaules "On dirait que la blanche colombe a 300 tonnes de plomb dans l'aile".
Les libertés elles aussi sont attaquées partout dans le monde, l'horizon s'obscurcit pour tous devant l'inefficacité de la diplomatie qui malgré de beaux discours est impuissante pour ce qui est de résoudre les problèmes concernant les Droits de l'Homme et les libertés fondamentales : "La belle au bois dormant a rompu les négociations Unilatéralement le Prince
entame les protestations Doit-on se courber encore et toujours pour une ligne droite?". Le "Prince" semble ici désigner les USA qui fait acte
'ingérence dans beaucoup de problèmes de politique étrangère d'autres nations. Le groupe envisage enfin un aboutissement, mais plutôt pessimiste : "Serait-ce un estuaire au bout du chemin qu'on entrevoit Spéciale dédicace à la flaque où l'on nage où l'on se noie".
Une nouvelle fois Noir Désir nous décrit le "mal de vivre" ambiant dans une société de requins où tout est gouverné par l'argent sous l'ombre bienveillante des USA qui accélère la cadence et entraîne une perte des repères pour tous, perte sans doute due au carcan de pensée infligé par une société qui laisse de moins en moins de place à une expression personnelle et originale.

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